Vers de justes relations humaines


Vivre ensemble ?

Deux personnes peuvent-elles vivre ensemble sans se détruire, sans s'étouffer l'une l'autre, et sans s'ignorer pour autant ?
Faut-il se méfier de chacun et de tous, fermer les portes de nos jardins et de nos maisons ?
Faut-il protéger nos "trésors" et nos idées secrètes ?
Ou bien, pouvons-nous partager, ouvrir la porte de nos coeurs et de nos pensées ?

est-il possible d'établir entre les êtres de justes relations humaines ?

Cette question soulève toute la problématique des relations, que ce soient les relations privées et quotidiennes ou les relations à l'échelon national et international. Lorsqu'une réponse satisfaisante sera trouvée, l'équilibre de la vie au quotidien sera transformé pour beaucoup de personnes et il sera possible d'envisager un équilibre au niveau de la planète : les nations et les peuples cesseront de se détruire. Les guerres ne seront plus nécessaires.

Ce modeste article n'a, bien entendu, pas la prétention d'avancer une solution à un problème si vaste, si profond et si ancien, mais voyons si nous réussissons à poser quelques jalons sur un chemin de réflexion.

La question nous invite à réfléchir en termes de dynamique et d'équilibre. Une juste distance doit êtr établie entre trop de proximité et trop d'éloignement : trop proche, l'autre (voisin ou pays) étouffe et enferme ; trop loin, l'autre menace par sa différence et suscite des réflexes archaîques d'élimitation. Heureusement tous ces réflexes primitifs de défense ne déclenchent pas un acte physique, mais un certain nombre cependant vont jusqu'à cette manifestation. (le passage à l'acte, comme l'on dit).

Dans l'éducation des enfants, qui prépare ce que sera le monde de demain, une autre question interpelle : celle de la dynamique entre sécurité et liberté. Lorsque l'accent est posé trop uniquement du côté de la sécurité, ce qui répond la plupart du temps, non pas à la peur de l'enfant mais à celle des parents, l'enfant risque de ressentir l'angoisse d'un étouffement, ou de devenir trop égocentrique, sans une conscience suffisante de la société qui l'entoure et de la nécessaire solidarité entre les individus. Mais à l'inverse, lorsque l'accent est mis trop entièrement sur la liberté, l'enfant risque de ressentir l'angoisse de l'abandon et de manquer des points d'appui et repères nécessaires à sa croissance. L'adulte, ayant grandi dans une atmosphère ressentie comme insésurisante risque de devenir défensif et agressif par souci d'auto-protection.

Ni sécurité seule, ni liberté seule, le juste équilibre consiste dans la présense de la sécurité et de la liberté, fournissant ainsi le terreau favorable dont l'individualité a besoin pour se développer harmonieusement.

Les relations adultes gagneraient égalment à rechercher cet équilibre, en particulier les relations de couple si difficiles et souvent douloureuses à l'heure actuelle.

Comment est-ce possible ?

Il suffit de créer l'espace

Le psychologue Carl Rogers (1902-1987) nommait "tendance actualisante", cette capacité des êtres humains à actualiser et développer leurs potentialités pour réaliser de plus en plus les êtres qu'ils sont véritablement, c'est-à-dire aller vers leur propre nature. Or, dans la nature humaine, il y a, disait-il, inscrite en profondeur, une dimension sociale, une aspiration à de réelles et authentiques relations.

Si la fleur devient une fleur, l'arbre un arbre et l'oursin un oursin (expériences du prix Nobel : Gyorgi), que devient un être humain ?
Pour qu'une fleur grandisse, il lui faut soleil, eau et bonne terre.

Que faut-il à l'être humain ?


Il suffit d'un espace ouvert

Cet espace favorise la découverte et le développement de la qualité d'humanité en soi et en relation aux autres.
Cette qualité d'humanité s'ouvre à son tour sur un horizon plus vaste encore, et devient conscience de l'interdépendance qui existe entre les individus et les nations. Cette interdépendance se manifeste dans les rouages sociaux, économiques et politiques actuellement en oeuvre au niveau mondial et européen. La vision de l'interdépendance peut mener à celle de la solidarité, et devenir conscience de la dimension universelle de l'humanité. Quelques soient leur couleur, leurs opinions, leurs comportements, les hommes et les femmes de la planète éprouvent les mêmes émotions, les mêmes sentiments. Ils ont fondamentalement les mêmes besoins et les mêmes aspirations. Il n'est bien sûr pas question de nier les différences, les originalités, les initiatives personnelles qui sont essentielles au développement, mais seulement de reconnaîter, à l'intérieur de ces différences, un fond commun d'humanité.


Comment se caractérise cet espace ?


Par quel chemin y parvenir ?

La première étape semble être d'apprendre à se centrer sur soi-même , à faire confiance en ses sensations (le niveau du corps physique), en ses émotions et sentiments (le niveau affectif ou psychologique), en ses valeurs et idées personnelles (le niveau intellectuel ou mental). Nous découvrons ainsi l'authenticité de notre être, nous apprenons à lui faire confiance et à croire en ses capacités infinies d'évolution et d'ouverture à plus vaste que nous-mêmes. L'expérience psychologique et spirituelle indique qu'au moment où nous parvenons à être en contact avec "quelque chose" de vrai en nous-mêmes, nous sommes en contact avec une dimension universelle d'humanité : il suffit d'une "parcelle de vérité", (selon l'expression de Carl Rogers) et ce n'est pas si fréquent ni si facile à atteindre.

Ensuite, il nous faut apprendre à nous centrer sur "l'autre", à effectuer ce travail (un réel travail) intellectuel et émotionnel de décentration de soi, qui permet d'approcher le fonctionnement de quelqu'un d'autre avec un minimum de projection personnelle, et en espérant donc devenir capable d'accueillir quelque chose du système de référence de l'autre dans sa vérité. C'est une dimension de compréhension empathique, manifesteé concrètement par l'écoute, qui nous aide à accompagner une autre personne sur son chemin, en respectant son orientation et en évitant de la confondre avec la nôtre.

Nous sommes alors préparés à entrer dans une dimension plus intérieure et plus vaste, celle de la considération positive inconditionnelle (désignée également par le terme de non-jugement) qui invite à la conscience de la dimension inconditionnelle d'humanité, avec toute sa valeur, présente en quiconque est membre de l'espèce humaine. Cette dimension se manifeste concrètement dans un groupe, lorsque les interactions, - dans un climat de sécuité et de liberté, d'authenticité et de comprétension emphatique, de sincérité dans la recherche intérieure - , dépassent la juxtaposition des expressions individuelles et laissent émerger le processus de groupe. Il semble qu'il existe alors un réservoir de compréhension et d'amour dans lequel nous pouvons puiser et qui nous amène à vivre autrement le contact les uns avec les autres.


Dans ce contact peuvent être décelés :

Ces trois étapes ne doivent pas être imaginées dans une linéarité, mais comme des jalons présents sur un chemin de recherche pour établir de plus justes relations humaines. Espérons que le travail d'Ecoute Consciente pourra y contribuer !


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Mise à jour : Jeudi 01 Janvier 1970
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